Prière d’espérance – Sœur Emmanuelle

Seigneur, accorde-moi cette Grâce :
que rien ne puisse troubler ma paix en profondeur,
mais que j’arrive à parler santé, joie, prospérité
à chaque personne que je vais rencontrer,
pour l’aider à découvrir les richesses qui sont en elle.

Aide-moi surtout, Seigneur,
à savoir regarder la face ensoleillée
de chacun de ceux avec qui je vis.
Il m’est parfois si difficile, Seigneur,
de dépasser les défauts qui m’irritent en eux,
plutôt que de m’arrêter à leurs qualités vivantes,
dont je jouis sans y prendre garde.

Aide-moi aussi, Seigneur,
à regarder ta Face ensoleillée,
même en face des pires événements :
il n’en est pas un qui ne puisse être source
d’un bien qui m’est encore caché,
surtout si je m’appuie sur Marie.

Accorde-moi, Seigneur,
la Grâce de ne travailler que pour le bien,
le beau et le vrai, de chercher sans me lasser,
dans chaque homme, l’étincelle
que Tu y as déposée en le créant à ton image.
Accorde-moi encore d’avoir autant d’enthousiasme
pour le succès des autres que pour le mien,
et de faire un tel effort pour me réformer moi-même
que je n’aie pas le temps de critiquer les autres.

Je voudrais aussi, Seigneur,
que tu me donnes la Sagesse
de ne me rappeler les erreurs du passé
que pour me hâter vers un avenir meilleur.

Donne-moi, à toute heure de ce jour,
d’offrir un visage joyeux et un sourire d’ami
à chaque homme, ton fils et mon frère.

Donne-moi un cœur
trop large pour ruminer mes peines,
trop noble pour garder rancune,
trop fort pour trembler,
trop ouvert pour le refermer sur qui que ce soit.

Seigneur, mon Dieu, je Te demande ces Grâces pour tous les hommes
qui luttent aujourd’hui comme moi,
afin que diminue la haine et que croisse l’Amour,
car depuis ta Résurrection,
la haine et la mort ont été vaincues par l’Amour et la Vie.

Ouvre mes yeux à l’invisible
pour que rien n’arrive à ébranler l’optimisme
de ceux qui croient en Toi et qui espèrent en l’Homme. Amen

Sœur Emmanuelle

Edito (janvier 2025)

Quelle mouche a piqué le pape François quand il a décrété que le thème de l’année jubilaire de 2025 aurait pour thème l’espérance ?

Sérieusement, vous trouvez qu’il y a de quoi espérer ?

La Terre va mal, très mal et ce n’est pas parce qu’en Belgique, on n’en ressent pas les symptômes les plus graves qu’on peut le nier…

Il y a des conflits partout et pour certains, ce n’est pas parce qu’on n’en parle pas qu’ils n’existent pas…

A Bruxelles, 4 enfants sur 10 grandissent dans la pauvreté, 1 sur 4 en Wallonie et 1 sur 10 en Flandre.

Les manifestations de violence verbale ou corporelle ne cessent d’être signalées notamment dans les lieux où l’on rend des services aux personnes : les hôpitaux, les administrations, lors d’interventions des pompiers, de la police…

Le succès des idées et des partis politiques d’extrême droite ne fait qu’augmenter ces dernières années.

Bon sang, j’arrête là, c’est à désespérer…

Oui j’en resterais là si je n’avais pas, chevillée au coeur, cette petite flamme de l’espérance si chère à Charles Péguy, « cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout »[1].

C’est elle qui permet de croire que rien jamais n’est vraiment perdu. Le mal ne triomphe jamais et si parfois il parait gagner, c’est un leurre car ne vainc jamais celui qui abime son frère, ne triomphe jamais celui qui en détruisant les autres annihile en lui-même l’étincelle divine qui en fait un humain.

Et vous savez quoi ? Cette petite flamme fragile est si forte qu’elle est même capable de me laisser croire qu’il y a une rédemption possible pour les dictateurs de tous poils, les idéologues qui enferment la liberté dans des cages dorées, les petits caÏds qui assouvissent leur faim de puissance dans des actes pathétiques, les Hérode de notre temps…

Je rêve ? Je suis naïve ?

Alors il y en a un autre qui est bien plus fort que moi dans ce domaine. On a fêté sa naissance il y quelques jours. Si cet enfant qui nait parmi les pauvres, les bêtes de somme, dans une famille « pas comme les autres » et qui devient la clé d’un monde nouveau en assumant jusqu’au bout sa confiance en l’Amour et la Vie, si cet enfant n’est pas venu nous montrer que c’est l’Espérance qui nous sauve, alors qu’on me jette la première pierre…

Merci frère François de nous rappeler cela !

Anne


[1]Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu, 1912