Je me souviens très bien de ma première réconciliation, j’avais presque 6 ans. Avant de vivre le sacrement de l’Eucharistie pour la première fois, nous devions aller dans le confessionnal, près de l’abbé. Je ne me souviens plus du tout de ce que j’ai pu raconter, mais j’ai un souvenir très fort de l’état dans lequel je suis sortie : j’étais lumineuse, rayonnante, plus blanche (un peu comme la pub!), apaisée ! Pendant des décennies, j’ai oublié cet événement. Et maintenant j’y pense à chaque fois. C’est vraiment une nouvelle vie qui prend forme après avoir lâché du lest….
Ce dimanche, le sacrement de réconciliation s’est vécu au cours de la messe dominicale. Moment très fort ! C’est la première fois que je voyais une aussi grande assemblée vivre le pardon. Après avoir lu un texte sur les béatitudes entrecoupé d’un refrain chanté, trois démarches ont été proposées : soit on reste sur place tout en relisant la méditation, soit on dépose la pierre reçue à l’entrée de l’église devant l’icône de la femme adultère (évangile du jour), soit on se dirige vers un des prêtres présents et on lit une phrase. On pouvait ajouter une phrase plus personnelle. Après la phrase traditionnelle dite par le prêtre (« Et moi, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés ») , on dépose la pierre au pied de l’icône.
Les jours ensoleillés que nous venons de vivre en mars sont encore une fois venus conforter une impression que je ressens à chaque retour du printemps : la vie se joue de ce qui semble mort ! Sur des branches qui paraissent sèches, de jeunes bourgeons commencent à pointer et même à vouloir éclater, des fleurs s’ouvrent offrant un prisme de couleurs qui réjouissent les yeux et réconfortent l’âme. Ma respiration se fait plus ample et je me surprends à sourire quand mes yeux explorent le jardin et ses alentours. C’est bientôt Pâques !
Oui, Pâques est, pour
moi, lié à la nature et donc forcément à la vie… d’abord et avant tout à la
vie. Mais aussi à la mort, c’est inévitable.
Pâques c’est cette fête
bizarre où la détresse et l’angoisse font soudain place à la joie et à
l’espérance ; cette fête qui fait du bois du supplice le nouvel étendard de la
vie en abondance ; cette fête où le corps meurtri, brisé, avachi de Jésus se
redresse et relève avec lui tous les affligés, les opprimés, les humiliés, les
prostrés, les « niés »… toutes celles et ceux qui rêvent qu’il y a une vie avant la mort.
Ne l’oublions jamais,
Pâques nous montre en pleine face que tout ce qui est beau dans la vie et
l’humanité peut être sali par la violence, le mal, les injustices… mais que
depuis Jésus la vie ne se laisse pas anéantir par les forces de mort. C’est
hautement subversif parce qu’avec Jésus, c’en est fini du silence des victimes
imposé par la superbe des tyrans indifférents à la souffrance de leur petit
monde.
Pâques nous dit que
Dieu est clairement aux côtés des femmes et des hommes déshumanisés, réduits à
l’état de choses, et sa présence, juste là, à leurs côtés, fait de leur silence
une clameur assourdissante. Si nous ne l’entendons pas, c’est que nous n’avons
pas encore compris ce que la mort et la résurrection du Christ Jésus nous
murmure depuis deux millénaires : ne regardez pas le monde à partir de ceux qui
dominent et imposent leur force, quelle qu’elle soit… regardez le monde par le
bas, regardez la vie toute fragile de ceux qui sont méprisés et exclus. Les
forces de l’amour et de la solidarité sont bien plus grandes que les forces de
mort.
Pâques c’est cette fête qui convertit même la mort pour en faire, non plus l’arme du pouvoir, de la peur et de la violence, mais la compagne de la vie tout simplement… un moment de la vie … et pas le contraire.
Vous souvenez-vous du poème de Jean de La Fontaine « Le Chêne et le roseau » ? En réfléchissant au thème de cette news, je me suis souvenu de cette phrase, restée dans un coin de ma mémoire : le roseau plie mais ne rompt pas.
Ne sommes-nous pas trop souvent, à l’image de ce chêne à l’ego surdéveloppé, voulant tout contrôler, se montrer fort, sans faille, quitte à ne pas s’écouter, quitte à s’abrutir de travail, quitte à se donner à des addictions pour oublier, quitte à se détruire la santé mentale, physique ? Surtout ne pas montrer nos faiblesses, nos blessures, nos imperfections….. « Un garçon ne pleure pas !! » Nous l’avons tous entendue ou prononcée, cette phrase…
Serait-ce un souci éducationnel, culturel ?
Et pourtant…
Ecrivain, philosophe, sportif, entrepreneur, reine, parent, homme, femme, enfant, nous sommes tous confrontés, un jour ou l’autre, à nos failles, nos erreurs, nos échecs, nos imperfections ! Mais que nous apportent-ils ?
Gabriel Ringlet, dans son livre « Eloge de la fragilité » écrit cette phrase détonante : « Si vous voulez « réussir » dans la vie, n’hésitez pas à montrer vos failles ! Dieu lui-même est fragile, et c’est là sa grandeur ».
Comment est-ce possible ? Dieu fragile ?!
En effet, Dieu a désiré s’incarner en naissant pauvrement dans une étable, dans notre condition humaine. Il a même choisi de mourir de façon infâme sur le bois de la croix comme un vulgaire bandit. Au cours de sa vie publique, Jésus a été très sensible à toute détresse humaine, à la de vie des plus faibles. En rejoignant l’homme dans sa fragilité, Dieu nous a montré la puissance de sa force d’amour envers nous.
Il existe tellement de formes de fragilités : un complexe, une dépression, un handicap, la perte d’un emploi, la mort d’un être cher, le harcèlement scolaire ou au travail, le manque de moyens, les difficultés financières, la violence conjugale ou intra-familiale, le vieillissement, le racisme,…
Reconnaissons-la. Soyons créatifs. Trouvons des solutions, de l’aide. Osons frapper aux bonnes portes. Faisons-nous confiance. La fragilité pourrait nous donner la force pour traverser les difficultés de la vie.
Et la foi dans tout ça ? Que nous apporte-t-elle ? A chacun de trouver sa réponse. Pour ma part, demander humblement l’aide du Seigneur pour vivre ce que j’ai à vivre m’aide beaucoup.
Gabriel Ringlet dit, dans son interview avec Philippe Cochinaux sur Dominicains TV, avoir toujours terminé ses cours avec cette phrase : « N’ayez pas peur de votre fragilité. Elle sera une très grande force dans votre existence ! ».
Nombreux sont les articles, les émissions, les témoignages qui traitent de la fragilité. En voici quelques-uns ci-dessous. La liste n’est pas exhaustive… Ces derniers vous permettront peut-être de réfléchir, de méditer. Sans doute y aura-t-il un retournement, un changement de cap, une bulle d’oxygène, un nouveau souffle pour (re)trouver la VRAIE VIE qui est en chacun de vous !
Interview de Gabriel Ringlet par Philippe Cochinaux. Il y parle de son livre « Éloge de la fragilité ». « Le leitmotiv de ce livre étonnant qui invite à rencontrer Dieu au journal télévisé, dans un roman, une B.D., un poème ou un fait divers. Agnostiques, croyants ou non-croyants trouveront dans ces courts récits une approche nouvelle, très libre et personnelle des évangiles.
Découvrez les différents témoignages de Alexandre Jollien, philosophe suisse, atteint d’infirmité moteur cérébrale, auteur de plusieurs livres (La construction de soi, Petit traité de l’Abandon, Le Philosophe Nu)
Académie Catholique de France : La fragilité est indissociable de la vie. Elle nous interpelle à tous les niveaux. La fragilité est inhérente à l’accueil d’une vie que l’on n’a pas programmée et que l’on ne contrôle pas et cela nous fait peur. Pourtant, ne pas l’accueillir nous transforme en fossiles vivants. Nous partageons cette fragilité devant l’accueil de la vie avec Dieu. ICI
Dans le cadre de l' »Année Amoris Laetitia« , le Pape François, dans la 9e vidéo, nous parle de la fragilité des familles mise à rude épreuve partout dans le monde. « L’Église a le devoir de tendre la main à ceux qui souhaitent rester proches de Dieu, de les aider à transformer leurs échecs et leurs souffrances en occasions de cheminer vers la plénitude de l’Évangile. »
Ensemble prévenons la dépendance: un hôpital de jour pour personnes âgées fragiles. Le reportage vous décrit le parcours de personnes âgées fragiles.
De la fragilité humaine à la fragilité divine. À partir de la pensée du théologien protestant Paul Tillich, Élisabeth de Bourqueney nous livre une réflexion sur la fragilité humaine et la fragilité de Dieu. Le Dieu que nous célébrons à Noël est celui qui, au cœur de nos aliénations, nous donne le courage de surmonter l’absurde, l’angoisse, le non-être. ICI
Vodeus propose différents reportages :
la vie deJoseph Wresinski, créateur du mouvement ATD Quart-Monde, pour lutter contre la misère à partir de 1956.
« Corps fragile » proposé par « Vodeus », commence par ces paroles : « La vie m’a mis un moteur de Ferrari dans une carrosserie de 2 CV ». Ce sont les propos de Jean-Baptiste Hibon, psychosociologue, formateur et infirme moteur cérébral qui ouvre ce film.
Le témoignage poignant de la reine Paola, qui dans un reportage, nous livre avec beaucoup de sincérité ses difficultés de vie et de couple durant les années 70-80. Elle nous livre ses regrets mais aussi quelques conseils comme se donner le temps, pardonner, éprouver de la tendresse, aimer mieux ses enfants,… Et elle dit aussi cette phrase « Quand on accepte ce qu’on doit faire, on devient libre » ! Cfr article du Paris-Match, le reportage de Nicolas Delvaulx sur RTBF « Paola, côté jardin »
KTO : Pour se préparer au Carême, « La Foi prise au mot » vous propose une réflexion sur un thème très actuel : la fragilité(23-02-20). Régis Burnet reçoit deux invités : Marc Leboucher, éditeur et écrivain, et Corinne Lanoir, bibliste, professeur d’Ancien Testament à la faculté de théologie protestante de Paris.
Enterrement de Gaspard, fils aîné d’Anne-Dauphine Julliand, auteur de nombreux livres dont « Deux petits pas sur le sable mouillé ». Ecoutez ce mot d’accueil poignant des parents et le message plein d’espérance en dépit de la mort de leur 3e enfant.