Conte de Noël

Le septième pot

« L’idée du bonheur n’est pas le même pour tout le monde »

Il était une fois, un potier qui avait sept pots dont il était assez fier. Il les aligna sur une étagère. À chaque fois que le potier quittait la pièce, les pots s’animaient et discutaient de leurs fonctions, de leurs idées, de leurs rêves, de leur avenir… Comme ils avaient peur d’être vendus séparément, ils s’entendirent pour se retrouver une fois par année, le soir de Noël. Comme les humains seraient très occupés, ils ne se rendraient pas compte de l’absence de leur pot. Les semaines suivantes, un à un les pots trouvèrent preneur, chacun par une personne différente.

Le soir de Noël, comme ils l’avaient promis, ils se retrouvèrent sur l’étagère du potier. Le premier pot qui ressemblait à une coupe dit fièrement : « C’est une équipe de sport qui m’a acheté. Lorsque l’équipe gagne, les joueurs me sortent pour fêter l’événement. Je ne vis que pour ces moments ! »

Le deuxième pot, plus raffiné, prit à son tour la parole : « Ma propriétaire se sert de moi pour déposer ses bijoux précieux, ses bagues, ses boucles d’oreilles. Rien ne me fait plus plaisir que le contact des pierres précieuses et de l’or ! »

Le troisième pot, de forme ronde, ajouta : « Je sers de plat dans un grand restaurant. Sentir la nourriture dans mon ventre, je ne pourrais plus m’en passer ! »

Le quatrième pot, qui sentait encore les fleurs, renchérit : « Moi, je reçois de magnifiques fleurs et plantes, je suis très utile et agréable à regarder ! »

Le cinquième pot, en forme de cruche, approuva : « Moi aussi, je suis utile, je sers à transporter du vin. Dès que je suis vide, le sommelier s’empresse de me remplir. Je ne vivrai plus sans cette boisson. »

Le sixième pot, ouvert seulement par une petite fente, répondit : « Je sers de tirelire à un banquier. Je suis rationnel et précis, je sais exactement combien je contiens d’argent. »

Le septième pot, d’apparence très simple, n’avait pas encore dit son dernier mot. Ses six autres amis lui demandèrent à quoi il pouvait bien servir. « À rien ! Je suis là et cela me suffit. Mon propriétaire me regarde et m’aime comme je suis. Toute la place qu’il y a au creux de moi est libre pour accueillir son amour ! »

Auteur inconnu, Le Septième Pot, extrait de Graines de sagesse, Éditions du Signe