Emission animée par notre service du 17 février 21
Le carême a commencé. Quel sens peut avoir ce temps de désert alors que depuis un an, nous vivons un isolement forcé qui mine le moral et sème le découragement ? Voici quelques pistes pour une conversion au courage et à la joie, même si …
Depuis un an, nous sommes privés de sorties, de relations sociales. Certaines personnes n’ont pas vu leurs enfants depuis des semaines. D’autres ont perdu leur emploi, leur entreprise. Beaucoup de jeunes dépriment, décrochent de leurs études… Les anciens se sentent abandonnés. Bref le tableau n’est pas très gai ! Il n’est pas illégitime de ressentir du découragement. Comment reconnaître le découragement ?
Le découragement, c’est se dire « à quoi bon ? »
C’est quand on croit que la vie devient impossible et que ça ne vaut pas la peine de continuer à se battre. On pourrait finir par ne plus se lever le matin, ne plus se laver, s’habiller et même s’intéresser à ce qui se passe autour de nous. Ce serait en quelque sorte abdiquer et croire que la vie est impossible.
Cette espèce de désolation peut même devenir spirituelle si je me mets à penser que Dieu qui m’a fait vivre, ne me donne pas les ressources pour vivre. Je peux en venir à accuser Dieu et les autres qui ne font pas ce qu’il faudrait au lieu de les voir comme de formidables aides.
Que faire avec ce découragement sinon le regarder bien en face… Reconnaître qu’il pèse lourd et que nous ne savons pas bien comment l’apprivoiser ? Et puis le mettre entre les mains du Seigneur en lui demandant tout simplement d’en prendre une part sur ses épaules. Cela changera peut-être notre regard sur les choses de la vie telles qu’elles nous apparaissent aujourd’hui.
S’enraciner dans le réalisme est un vrai ressort pour lutter contre le découragement et pour avancer. Oui, en nous défaisant de ce poids, nous pourrons scruter, contempler, mesurer, considérer ce que nous avons déjà reçu. Et quand on commence à regarder ce que l’on a reçu, même si c’est peu de chose, ça change la vie.
La confiance peut commencer à poindre le bout de son nez : on peut passer du découragement à la confiance.
Faire confiance, avoir la foi n’implique pas que l’on ait forcément sous les yeux les éléments du succès. Je m’explique : avoir la foi le dimanche de Pâques quand on rencontre Jésus ressuscité, c’est relativement facile – encore que ce n’est pas si simple. Mais avoir la foi le Vendredi saint, c’est beaucoup plus compliqué !
La foi, la confiance, nous appelle à croire que quand la mort est là (sous différentes formes), la vie et l’amour n’en sont pas détruits pour autant.
Nous avons peut-être oublié que la résurrection s’inscrit dans le tragique de la vie. Jésus a vécu dans sa chair la difficulté du chemin qui s’ouvrait devant lui. Pas de révolte pourtant, chez lui, il ne s’est pas dérobé, il n’a pas renoncé. Il savait que le chemin n’était pas facile… mais il a persévéré et il a appelé ses disciples à faire de même. C’est sans doute à cela que nous sommes appelés aussi aujourd’hui : à la persévérance.
On comprend bien derrière le mot la recherche d’un objectif, d’un but pas si facile à acquérir.
On connait la persévérance pour obtenir un bon résultat scolaire, une performance sportive, un gain financier… etc. Mais aussi, dans le contexte de la pandémie, on a appris la persévérance des soignants pour le bien des malades, pour leur vie.
Nous pouvons nous aussi, être des persévérants en nous appuyant sur les petites choses de la vie pour changer notre regard : voir ce que nous avons déjà, redécouvrir et se réjouir… La période que nous vivons et l’existence en général contient sa part de tragique, mais ce n’est pas pour cela qu’elle n’est pas orientée vers la vie avec la promesse que celle-ci, la vie, a toujours le dernier mot.
Voilà pourquoi nous pourrions commencer le chemin du Carême avec ces trois attitudes en tête : affronter le découragement, retrouver la confiance et persévérer.